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ACTIVITE PROFESSIONNELLE ET PAUVRETE

Le travail ne protège plus de la pauvreté.
Malgré la baisse du chômage, précarité, pauvreté monétaire et privations progressent. Emplois instables, hausse des travailleurs pauvres, retraités précaires, inégalités croissantes : le CNLE alerte sur une pauvreté massive, visible ou ressentie, touchant désormais près d’un Français sur cinq.
Le « Panorama de l’évolution de la pauvreté et l’exclusion sociale », publiée le 7 mai, par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) a jeté un pavé dans la marre : non seulement le travail n’est pas le barrage contre la pauvreté qui nous est présenté, mais en plus il l’est de moins en moins, confirmant ainsi ce que disent depuis longtemps les associations les plus diverses. Il faut noter que le CNLE alerte depuis des
années. « Même l’entrée sur le marché du travail n’est plus une garantie de sortir de la précarité, pourraient témoigner un million de travailleurs pauvres »,
analysait déjà le CNLE en mars 2017.
Ce dernier relève désormais que le taux de chômage officiel a baissé sans faire reculer la pauvreté. Le taux de chômage a diminué de 10,3 % à 7,3 % entre 2015 et 2022, alors que le nombre de personne vivant sous le seuil de pauvreté monétaire –- une ligne qui correspond à 60 % du niveau de vie médian – est passé de 14,2 % à 14,4 % de la population. La pauvreté n’est pas seulement monétaire.
Une partie des ménages dispose de revenus supérieurs au seuil de pauvreté, mais est néanmoins confrontée à de nombreuses privations, c’est ce qui s’appelle la pauvreté en condition de vie. Celle-ci est mesurée par le renoncement à au moins cinq dépenses de la vie courante (accéder à internet, avoir une activité deloisir régulière, acheter des vêtements neufs, etc.).
« Les privations de protéines et de chauffage sont bien plus fréquentes qu’il y a dix ans », note le CNLE ; la privation sur ce dernier poste de dépense est passée de 6 à 12 %. (Localtis, Banque des territoires, édition du 12 mai 2025)
Le nombre de personnes concernées par cette pauvreté représente désormais 13,1 % de la population. C’est un point de pourcentage de plus qu’en 2015. La baisse des prestations familiales et des aides au logement en sont la cause principale.
Une partie plus large encore de la population déclare avoir des difficultés, au point de se penser comme pauvre : ce phénomène touche 18,7 % de la population. Une augmentation de moitié en 7 ans.
Cette « pauvreté ressentie » a surtout gagné du terrain chez les personnes
seules, les familles monoparentales, les locataires du parc social, les allocataires du RSA, les ouvriers, mais aussi, à partir de 2018, « parmi les agriculteurs, les personnes âgées, les jeunes de 18 à 24 ans et les familles nombreuses ».
Le CNLE souligne que la crise inflationniste née depuis fin 2021, notamment sur l’énergie et l’alimentation, a eu des répercussions sur les conditions de vie de la plupart des actifs.
Concernnant "la qualité de l'emploi", le CNLE constate ainsi que la situation des inactifs s’est dégradée, notamment pour ceux qui ne sont pas officiellement comptabilisés comme chômeurs mais qui veulent néanmoins obtenir un emploi.
Ces travailleurs évoluant dans le « halo du chômage », comme le désignent les économistes, sont désormais 1,8 million.
« Leur nombre augmente depuis 2013 et enregistre un taux de croissance annuel moyen de 0,4 % entre 2015 et 2022 qui vient compenser en partie l’orientation baissière du chômage », détaille le CNLE.
Parmi les inactifs, les retraités aussi sont plus pauvres qu’avant. Alors que pendant des décennies, les règles d’allocations retraite et les carrières complètes ont réduit considérablement le nombre de pauvres dans cette tranche d’âge. Ce n’est plus le cas, après les bouleversements de l’organisation du travail, la montée des périodes de chômage et la révision à la baisse des règles de conversion du salaire en pension de retraite.
Parmi les retraités, la part de pauvres est passée de 7,6 % en 2017 à 10,8 % en 2022 par les retraités. Toujours parmi les inactifs, la part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté parmi celles qui sont atteintes d’invalidité est passé de 26,8 % à 36,7 % entre 2015 et 2022.
Le CNLE constate également que le niveau de vie entre ces deux dates, a moins augmenté pour ceux qui se situent en bas de l’échelle des revenus. Les 10 % de la population en question ne gagnent que 118 euros supplémentaires en fin de période alors qu’en haut de l’échelle des revenus, les 10 % les plus favorisés perçoivent 919 euros de plus qu’en début de période. Le plus important dans le rapport est le changement de propriétés des emplois créés entre 2015 et 2022.
La part des emplois stables a diminué, faisant plus de place aux temps partiels, aux contrats à durée déterminée ou dans l’intérim, sans parler du recours
au statut d’indépendant.
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